La convention italo-suisse en matière de succession internationale représente un accord bilatéral unique dans le paysage juridique européen. Signée en 1868 et entrée en vigueur en 1869, cette convention établit des règles spécifiques pour le règlement des successions impliquant des ressortissants italiens et suisses. Elle se distingue par sa longévité et son approche particulière de la gestion des successions transfrontalières, offrant un cadre juridique distinct des règles habituelles du droit international privé. Cette convention influence considérablement la planification successorale et la résolution des litiges pour les familles ayant des liens avec ces deux pays, créant ainsi un régime juridique sui generis au cœur de l’Europe.
La convention italo-suisse sur les successions trouve ses racines dans le contexte historique du 19e siècle, une époque marquée par d’importants mouvements migratoires entre l’Italie et la Suisse. Face à l’augmentation des situations successorales transfrontalières, les deux États ont ressenti le besoin de créer un cadre juridique stable et prévisible pour leurs ressortissants.
Cette convention bilatérale s’inscrit dans une tradition de relations diplomatiques étroites entre les deux pays. Elle reflète la volonté commune de simplifier les procédures successorales et de garantir une meilleure protection des droits des héritiers, indépendamment de leur lieu de résidence ou de la localisation des biens successoraux.
Sur le plan juridique, la convention italo-suisse se distingue par son approche novatrice pour l’époque. Elle établit des règles de compétence judiciaire et de loi applicable qui diffèrent des principes généralement admis en droit international privé. Cette spécificité a permis à la convention de traverser les décennies, conservant sa pertinence malgré l’évolution du droit successoral international.
Ces caractéristiques ont façonné une approche unique de la gestion des successions internationales entre ces deux pays, créant un îlot de stabilité juridique dans un domaine souvent complexe du droit international privé.
Le principe d’unité de la succession constitue l’un des piliers fondamentaux de la convention italo-suisse. Contrairement à de nombreux systèmes juridiques qui appliquent des règles différentes aux biens mobiliers et immobiliers, cette convention traite l’ensemble du patrimoine successoral comme une entité unique.
Cette approche unitaire présente plusieurs avantages :
En pratique, ce principe signifie qu’une seule loi s’applique à l’ensemble de la succession, qu’il s’agisse de biens situés en Italie, en Suisse ou dans un pays tiers. Cette approche contraste avec les règles de droit international privé de nombreux pays, qui peuvent conduire à un morcellement de la succession en fonction de la nature et de la localisation des biens.
Le principe d’unité de la succession offre une plus grande sécurité juridique pour les personnes souhaitant planifier leur succession. Il permet d’envisager la transmission du patrimoine de manière globale, sans avoir à tenir compte des spécificités liées à la localisation des biens.
Cette approche facilite notamment :
Toutefois, il convient de noter que ce principe peut parfois entrer en conflit avec les règles de droit international privé d’autres pays, en particulier lorsque des biens immobiliers sont situés hors d’Italie et de Suisse. Dans ces cas, une analyse approfondie de la situation est nécessaire pour anticiper d’éventuelles complications.
La convention italo-suisse établit des règles de compétence judiciaire spécifiques qui diffèrent des principes habituellement appliqués en matière de succession internationale. Elle attribue une compétence exclusive aux autorités du dernier domicile du défunt pour l’ensemble de la succession.
Cette règle de compétence unique présente plusieurs avantages :
En pratique, cela signifie que si un ressortissant italien décède avec son dernier domicile en Suisse, ce sont les autorités suisses qui seront exclusivement compétentes pour traiter l’ensemble de la succession, y compris pour les biens situés en Italie. Inversement, si un ressortissant suisse décède avec son dernier domicile en Italie, ce sont les autorités italiennes qui auront la compétence exclusive.
La notion de dernier domicile revêt une importance capitale dans l’application de la convention. Elle détermine non seulement la compétence judiciaire, mais influence indirectement la loi applicable à la succession.
Les critères pris en compte pour déterminer le dernier domicile incluent :
Il est à noter que la détermination du dernier domicile peut parfois s’avérer complexe, en particulier pour les personnes ayant des liens étroits avec les deux pays. Dans ces situations, une analyse approfondie des circonstances de fait est nécessaire pour établir le domicile au sens de la convention.
La convention italo-suisse adopte une approche originale concernant la loi applicable à la succession. Contrairement à de nombreux systèmes juridiques qui appliquent la loi du dernier domicile ou de la dernière résidence habituelle du défunt, cette convention prévoit l’application de la loi nationale du défunt à l’ensemble de la succession.
Cette règle présente plusieurs particularités :
Ainsi, pour un ressortissant italien décédé en Suisse, c’est le droit italien qui s’appliquera à l’ensemble de sa succession, y compris pour les biens situés en Suisse. De même, pour un ressortissant suisse décédé en Italie, le droit suisse régira sa succession, y compris pour les biens situés en Italie.
L’application de la loi nationale du défunt peut avoir des conséquences significatives sur le règlement de la succession. Elle peut notamment influencer :
Il est à noter que cette règle peut parfois conduire à l’application d’une loi peu familière aux autorités du pays où se déroule la procédure successorale. Dans ces cas, le recours à des experts en droit étranger peut s’avérer nécessaire pour garantir une application correcte de la loi nationale du défunt.
La convention italo-suisse établit un système de reconnaissance mutuelle des décisions judiciaires en matière successorale entre l’Italie et la Suisse. Ce mécanisme vise à faciliter l’exécution des jugements et à éviter les procédures redondantes dans les deux pays.
Les principaux aspects de ce système de reconnaissance sont :
Ce système de reconnaissance mutuelle contribue grandement à l’efficacité de la convention en assurant une continuité juridique entre les deux pays. Il permet notamment d’éviter les situations de blocage où une décision successorale serait valable dans un pays mais non reconnue dans l’autre.
La procédure d’exequatur, nécessaire pour rendre exécutoire une décision étrangère, est simplifiée dans le cadre de la convention italo-suisse. Cette simplification se traduit par :
Cette procédure allégée facilite grandement la mise en œuvre pratique des décisions successorales, en particulier lorsque des biens sont situés dans les deux pays.
La convention italo-suisse sur les successions, malgré son ancienneté, continue de jouer un rôle significatif dans le paysage juridique contemporain. Son application soulève des questions complexes à l’ère de la mobilité internationale accrue et de l’évolution du droit successoral européen.
Parmi les aspects à considérer figurent :
La convention italo-suisse offre un cadre juridique stable et prévisible pour les successions impliquant des ressortissants italiens et suisses. Toutefois, son application peut s’avérer complexe dans certaines situations, nécessitant une expertise juridique pointue.
Dans ce contexte, le recours à des avocats spécialisés en droit international privé et en planification successorale transfrontalière s’avère souvent indispensable. Ces professionnels peuvent apporter une valeur ajoutée significative en :
L’expertise d’un avocat spécialisé permet de naviguer efficacement dans les complexités de la convention italo-suisse et d’assurer une gestion optimale des successions internationales entre ces deux pays.
Une première consultation
de 60 min à CHF 220.-
Faites le point de votre situation avec un avocat spécialisé.
Vous souhaitez uniquement un rendez-vous pour poser quelques questions ?
Vous n’êtes pas sûr de souhaiter sur des démarches à entreprendre ?
Votre situation n’est pas claire ?
Optez pour une première consultation avec un avocat.
Vous déciderez ensuite si vous souhaitez poursuivre les démarches et nos avocats vous donneront le coût de la procédure en fonction de votre cas. Rendez-vous possible en personne ou par visioconférence.
Besoin d'un avocat à Genève ?
Prenez rendez-vous dès maintenant
en appelant notre secrétariat ou en remplissant le formulaire ci-dessous.
RDV en personne ou par visioconférence.
© Tous droits réservés – Reproduction interdite – 2025 – Mentions Légales